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Le financement international en faveur de l’inclusion financière

Regard sur l’évolution des engagements pris à l’échelle mondiale

Les bailleurs de fonds ont consacré au moins 29 milliards de dollars en 2012 à l’amélioration de l’inclusion financière — une hausse estimée à 12 % par rapport à 2011, attribuable en grande partie à l’amélioration du contexte économique mondial. Au cours des récentes années, la communauté mondiale du développement a maintenu son appui à la microfinance tout en s’employant à élargir sa participation financière en faveur de l’objectif plus global de l’inclusion financière. Les résultats d’une enquête menée en 2012 par le CGAP auprès des bailleurs de fonds internationaux donnent à conclure que ces derniers ont adapté leurs priorités à cette vision plus large. La note analyse l’évolution du financement international en faveur de l’inclusion financière.

Le financement public augmente plus rapidement que le financement privé

Le financement public en faveur de l’inclusion financière a atteint plus de 70 % du total estimé. Malgré les pressions constantes qui s’exercent sur les ressources publiques, les bailleurs de fonds publics ont augmenté leurs engagements de 16 % entre 2011 et 2012. Ils ont consacré près de 3,4 milliards de dollars à de nouveaux projets en 2012 — 68 % de plus que l’année précédente. Les engagements des bailleurs de fonds privés en faveur du secteur ont connu une croissance beaucoup plus lente de 2 % entre 2011 et 20122. Même si d’autres études montrent que les Intermédiaires d’Investissement en Microfinance (IIM), par le truchement desquels transite l’essentiel des financements privés, ont augmenté leurs investissements dans les prestataires de services financiers (PSF) de détail en 2012, cette hausse provenait en partie d’une réserve d’actifs engagés avant 2012 (Symbiotics, 2013 ; Micro-Rate, 2013). Les engagements privés en faveur des IIM ont affiché une croissance plus modeste en 2012.

Une capacité institutionnelle insuffisante et une gamme restreinte de produits comme obstacle majeur

La majeure partie des fonds continue d’être affectée au financement des portefeuilles de PSF de détail (14,8 milliards de dollars, soit 78 % des engagements), et selon les enquêtés, le manque de fonds ne constitue pas un obstacle important à l’inclusion financière (Cf. figure 1). Un éventail restreint de produits et de services et les capacités institutionnelles limitées des PSF constituent les principaux obstacles à l’inclusion financière. Les efforts déployés pour abattre ces obstacles prennent la forme d’engagements importants en faveur du renforcement des capacités des PSF (1,8 milliard de dollars, ou 10 % du total des financements).

Plus de la moitié des projets portant sur des aspects autres que le financement des PSF ont mis l’accent sur la conception de produits et services appropriés (365 projets) et sur l’amélioration des opérations (366 projets) ; un nombre à peu près équivalent de projets ont mis l’accent sur l’amélioration de la gestion et de la gouvernance (323) ou sur la promotion de pratiques financières responsables (273).

Les bailleurs de fonds ont consacré 0,28 milliard de dollars au renforcement des capacités des clients  actuels ou possibles des PSF. Leurs projets ont surtout mis l’accent sur l’amélioration des capacités financières (54 projets) et sur le renforcement des organisations autogérées (26 projets). Le travail de renforcement des capacités s’est surtout concentré en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne.

Les bailleurs de fonds ont consacré des sommes moins importantes à l’infrastructure du marché (0,5 milliard de dollars) et aux interventions au niveau des politiques publiques (0,4 milliard). Bien que les projets réalisés dans ces secteurs requièrent d’ordinaire moins d’argent, leur exécution exige des compétences spéciales que seuls quelques bailleurs possèdent. Les projets sur l’infrastructure du marché ont mis l’accent sur les services de renforcement des capacités (322 projets), sur l’information et la transparence (304 projets) et sur les systèmes de paiement (218 projets). Les projets sur les politiques se sont focalisés sur le renforcement des outils classiques de réglementation et de supervision financière (312 projets) et sur la protection des consommateurs (258 projets).Les bailleurs de fonds ont consacré au moins 29 milliards de dollars en 2012 à l’amélioration de l’inclusion financière — une hausse estimée à 12 % par rapport à 2011, attribuable en grande partie à l’amélioration du contexte économique mondial. Au cours des récentes années, la communauté mondiale du développement a maintenu son appui à la microfinance tout en s’employant à élargir sa participation financière en faveur de l’objectif plus global de l’inclusion financière. Les résultats d’une enquête menée en 2012 par le CGAP auprès des bailleurs de fonds internationaux donnent à conclure que ces derniers ont adapté leurs priorités à cette vision plus large. La note analyse l’évolution du financement international en faveur de l’inclusion financière.

Le financement direct des PSF est en hausse

Selon l’organisation institutionnelle et les ressources du bailleur, les projets peuvent être financés directement ou indirectement. La part du financement direct des PSF a augmenté de 29 % de 2011 à 2012, atteignant 6,5 milliards de dollars. Les fonds acheminés indirectement par le biais d’intermédiaires comme les IIM, les banques locales et les institutions faîtières, ou par d’autres moyens indirects représentaient 30 % du total des financements en 2012 (5,8 milliards de dollars). Les financements acheminés par l’intermédiaire des IIM ont augmenté à un rythme beaucoup plus lent (+1 %) tandis que ceux passant par les institutions faîtières ont affiché une baisse de 8 % comparativement à l’année précédente. Les fonds acheminés par le biais de gouvernements nationaux représentaient 25 % du total (4,7 milliards de dollars), les bailleurs multilatéraux se trouvant souvent dans l’obligation de recourir à ces intermédiaires.

Les bailleurs de fonds ont accru le recours aux prêts et aux dons

Le financement par recours à l’emprunt reste prépondérant, représentant des engagements de 12 milliards de dollars en 2012. Les institutions de financement du développement (IFD) ont habituellement recours à cette méthode pour financer le portefeuille de prêts des PSF, mais les agences multilatérales consentent également aux États des prêts qui sont ensuite réaffectés aux PSF ou utilisés pour financer des initiatives de renforcement des capacités à tous les niveaux du système financier. Après avoir marqué une baisse l’an dernier, les engagements de prêts ont connu une hausse sensible (+19 %) tandis que les IFD augmentaient leur contribution au financement de détail dans la foulée de la crise économique mondiale, en particulier dans la région Europe de l’Est et Asie centrale (ECA). Les dons ont totalisé 2,3 milliards de dollars en 2012 et ont principalement servi au renforcement des capacités des PSF de détail.

L’Afrique sub-saharienne au premier rang des priorités

Pour la première fois, les engagements en faveur de l’Afrique subsaharienne (totalisant 2,7 milliards de dollars) ont dépassé ceux en faveur de la région Amérique latine et Caraïbes (LAC) (2,2 milliards), traduisant un changement des priorités régionales des bailleurs de fonds. L’Afrique subsaharienne restera de plus la région qui retiendra le plus l’attention des bailleurs au cours des trois prochaines années.

La région ECA et l’Asie du Sud ont continué de bénéficier de la plus grande part des financements en faveur de l’inclusion financière, recevant respectivement 4,7 et 3,4 milliards de dollars. La région ECA, l’une des plus touchées par la crise financière mondiale, a bénéficié d’une augmentation importante des financements (+25 %) du fait d’un engagement plus marqué des IFD à mesure que les conditions économiques s’amélioraient. Cependant, une partie de la hausse constatée est à mettre sur le compte de la mise à jour de la méthode d’enquête qui prend désormais en compte les engagements en faveur des micros et petites entreprises.

Les régions MENA et EAP restent celles qui reçoivent le moins d’aide, mais les engagements en leur faveur ont cependant augmenté (25 % pour la MENA et 17 % pour l’EAP).

Perspectives

À la faveur de l’amélioration des conditions économiques, les bailleurs de fonds internationaux — en particulier les bailleurs publics — ont augmenté leurs engagements en faveur de l’inclusion financière en 2012. Ils ont manifesté l’intention d’aider les PSF à améliorer leur gestion et leur gouvernance et à adopter des pratiques plus responsables au cours des trois prochaines années. Ces efforts viendront sans doute renforcer les engagements déjà pris par les bailleurs en faveur du renforcement des capacités des PSF, de l’aide à la conception de meilleurs produits, de la promotion d’une  intensification des transferts d’informations et de la transparence, et de la création d’un cadre d’action plus favorable.

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